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Sharing a Mediterranean culture with Buñuel
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Et après huit jours de travail, où c’est trois heures le matin, trois heures après-midi, tous les repas ensemble, c’est vraiment une concentration extrême, il… Silberman, le producteur, arrive de Paris et m’invite à dîner un soir, seul, sans Buñuel, ce qui était très étrange parce que avec Buñuel nous prenions petit déjeuner, déjeuner et dîner ensemble, c’était une vie vraiment… sans femmes, sans rien, tous les deux , comme ça serait le cas pendant 20 ans. Et Silberman m’invite à dîner et me dit, me parle de la vie à Paris, de la politique française, de je ne sais quoi avant d’en venir au dessert, à ce pourquoi il était venu de Paris. Il me dit: «À propos, j’ai parlé à Luis, il est très content de vous, très content, très… vous êtes très sérieux, très travailleur, très tout ça… mais»… alors j’attendais ce mais, comme dit Cléopâtre dans Shakespeare: «I don’t like that ‘but’…» «Je n’aime pas mais…» mais me dit Silberman: «Mais… il faut lui dire non de temps en temps…». C’est tout ce qu’il m’a dit. Et j’ai très bien… Il me semble que j’ai compris ce qu’il voulait me dire, ce que Buñuel lui avait demandé de venir me dire, Buñuel ne pouvant pas me le dire lui même. Que Buñuel avait besoin en face de lui d’un véritable partenaire, d’une opposition, pas de quelqu’un qui était là pour enregistrer ses idées, les écrire du mieux possible. Bien sûr j’essayais de lui proposer des idées mais il fallait aussi qu’à certaines de ses idées je puisse faire la grimace. Ce qui n’est pas facile comme Buñuel vous dit: «On pourrait faire ça et ça» de lui dire: «Oui, ben… c’est pas terrible…». C’est pas facile du tout quand on est un jeune débutant. Et c’est de ça qu’il avait besoin. Et peu à peu, tout au long de ce travail de ce scénario, j’ai essayé, je ne dis pas que j’y suis tout de suite arrivé, j’ai essayé d’atteindre … ce niveau là, c’est-à-dire d’être un vrai partenaire dans l’écriture et pas seulement le scribe qui écrit le dialogue et le récit du film. Et ensuite… dans le second film que nous avons fait ensemble, j’étais très, très heureux d’apprendre qu’il avait mis dans son contrat à lui qu’il demandait de travailler avec moi. Ça c’est le plus beau cadeau qu’il m’ait fait de toute ma vie… c’était magnifique. Je l’ai su par indiscrétion, nous n’en avons jamais parlé ensemble mais ce…c’est un cadeau magnifique… Et nous avons travaillé pendant dix-neuf ans, nous avons écrit neuf scénarios dont six sont devenus des films de Buñuel. Le second que nous avons écrit, Le Moine, il n’a pas pu le réaliser parce que les… les… les producteurs ont fait faillite… la société de production s’est rompu. Donc c’est quelqu’un d’autre qui l’a tourné, très, très mal d’ailleurs. Et ensuite il y a… nous avons fait UN autre scénario inspiré de … Là-bas, le roman de Huysmans, un grand auteur de la fin du XIX siècle que Buñuel a refusé de tourner finalement, après hésitation, en disant que c’était trop difficile pour lui… ce qui est… enfin, j’aime beaucoup l’expression. Et enfin le dernier… que nous avons écrit et qu’il était trop faible… et trop âgé déjà pour tourner. Il avait déjà plus de 80 ans et il a renoncé à le faire, et qui s’appelait Une cérémonie somptueuse… en hommage à une phrase d’André Breton. Le scénario a été publié mais il n’a jamais été tourné. Donc il y a trois scenarios qui n’ont pas été tourné, les six autres: Le Journal d'une femme de chambre, Belle de jour, La voie lactée, Le charme discret de la bourgeoisie, Le fantôme de la liberté et Cet obscure objet du désir sont tous devenus des films de Buñuel.
And after eight days of work, three hours in the morning, three hours in the afternoon, all the meals together, it is intense, he... Silberman, the producer travels from Paris and takes me out one evening, by myself, without Buñuel, which was extremely weird as, with Buñuel, we had breakfast, lunch and dinner together, that was life... without wives, without anything, just the two of us... this would be the case for over 20 years. And Silberman takes me out for dinner and he says... he talks about Paris life, French politics, and some other stuff, and then, when last course comes, why he came from Paris. He says, 'I spoke with Buñuel, he is very happy with you, very happy, very... you are reliable, you work hard, everything... but...' and I was expecting that 'but', as Cleopatra says in Shakespeare, 'I don't like that but'. 'But', says Silberman, 'but, from time to time, you need to say no...' And that's all he said. And I think I understood what he meant, what Buñuel had asked for, as he could not have said it to me. Buñuel needed a real partner, someone who could challenge him, not someone who would just write his ideas down. Of course, I had tried to offer some ideas, but I also had to force myself to not like everything. It is not easy when Buñuel tells you, 'we could do this or that' to say, 'Well, that's not great'. It's not easy when you are starting off. And that is exactly what he required. And, bit by bit, throughout that screenplay work, I tried, I do not say I managed straight away, but I tried to reach that level, to be a real writing partner, rather than just writing things down. And then, in the second film we did together, I was extremely happy to find out that he had put in his contract that he asked to work with me. That's the most beautiful gift he's ever given me... it was wonderful. I found out by accident, we never talked about it, but that... that was a wonderful gift. And we worked together for 19 years, we wrote nine screenplays, six of which became films he directed. The second one we wrote, Le Moine, he could not direct as the… the production house went bankrupt. So someone else shot it, quite badly actually. Then we shot... we shot another one, inspired by Over There, the novel written by Huysmans, a great writer from the end of the 19th century, which Buñuel ended up refusing to shoot after having hesitated, saying it was too difficult for him. That was… anyway, I like that expression. And the last... we wrote it and he was too weak... already too old to shoot it. He was over 80 years old and he opted not to do it, it was called Une Ceremonie Somptueuse based on a quote from André Breton. The screenplay was published but the film was never shot. So there are three screenplays that have never been made, six others – The Diary of a Chambermaid, Belle de Jour, The Milky Way, The Discreet Charm of the Bourgeoisie, The Phantom of Liberty, and That Obscure Object of Desire – were shot by Buñuel.
French screenwriter Jean-Claude Carrière (1931-2021) began his association with films aged 24 when he was selected by Jacques Tati to write for him. This early experience led to further contact with other film-makers, including Luis Buñuel with whom Carrière collaborated for many years. He wrote screenplays for films including Belle de Jour, The Discreet Charms of the Bourgeoisie, Tin Drum and Danton.
Title: Learning to say no to Buñuel
Listeners: Andrzej Wolski
Film director and documentary maker, Andrzej Wolski has made around 40 films since 1982 for French television, the BBC, TVP and other TV networks. He specializes in portraits and in historical films. Films that he has directed or written the screenplay for include Kultura, which he co-directed with Agnieszka Holland, and KOR which presents the history of the Worker’s Defence Committee as told by its members. Andrzej Wolski has received many awards for his work, including the UNESCO Grand Prix at the Festival du Film d’Art.
Tags: The Diary of a Chambermaid, Belle de Jour, The Milky Way, The Discreet Charm of the Bourgeoisie' The Phantom of Liberty, That Obscure Object of Desire, Luis Buñuel, Serge Silberman
Duration: 3 minutes, 51 seconds
Date story recorded: January 2010
Date story went live: 27 July 2010