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Filming with Jean-Luc Godard
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Alors il y a toujours ce côté quand même qu'il faut toujours se garder ce besoin qu'on a de faire comprendre ce qu'on veut faire comprendre la photo. C'est-à-dire c'est... Alors mais ça c'est une idée à moi, je n'ai pas une règle générale de ce qu'il faut faire... Je veux dire c'est-à-dire que, moi je pars du principe que la photographie elle est pour aider le metteur en scène. Donc quand on tourne quelque chose, comme faire la photographie ça prend beaucoup de temps si on veut faire une photographie très soignée, mais ce temps il est forcément pris sur le temps global du tournage du film, donc il est pris sur le temps que va prendre le metteur en scène pour faire sa mise en scène. Et on a des gros problèmes parce que c'est une question d'humilité.
L'humilité, c'est un mot que les cinéastes ne connaissent pas du tout, ni même ils ne connaissent pas non plus modestie. Il faut se dire que ce qu'on fait c'est le résultat final qui compte, et que quand vous voyez des gens qui sortent d'une salle de cinéma, ils sont tout de suite prêts à parler de la musique si elle est formidable, du jeu des comédiens, du texte, de l'histoire qu'on raconte et tout à fait par hasard de la photographie. Et parfois même ils disent, 'Elle est formidable, on dirait des cartes postales'. Ce qui n'est pas humiliant parce que finalement Yvon a fait de très belles cartes postales. Mais en même temps c'est pour dire que c'est une chose qui n'est pas appréhendée en premier par les spectateurs. Si par exemple la photo est très belle, pour plein de raisons, c'est pas ça qui va les inciter à venir au cinéma, ils ne vont pas aller voir un film où il y a de la belle photo. Ils iront voir un film où il y a une belle histoire, des comédiens qui leur plaisent, etc. Par contre si la photographie n'est pas bonne, ça va les gêner mais ça les gênera moins que si le son est mauvais. Parce que si le son n'est pas bon, ils diront, 'Le son est dégueulasse, on n'entend rien, on ne comprend rien, on n'entend pas la musique', etc. Donc on est dans une position où c'est complètement indispensable de faire de la photographie parce que s'il on ne faisait pas de photographie ça serait de la radio. Et encore, le film ne serait pas fait de la même manière parce qu'on serait obligé de raconter dans quel décor ça se passe. C'est-à-dire que la photographie c'est une chose qui doit donner une impression. Je veux dire il faut pas que ce soit de l'impressionnisme comme sont Turner ou Latour... Pas Latour, ou Monet, des choses comme ça. Mais elle doit donner une impression, l'impression de jour, de chaleure, de choses comme ça, ou d'angoisse, des trucs comme ça. C'est un climat qu'elle doit donner.
So there's always this aspect that we always need to beware of, this need that we have of explaining the cinematography. Meaning it's... that's just one of my ideas, but it isn't a general rule. Meaning that I work on the assumption that cinematography is there to help the director. So when you're shooting something, the cinematography takes a long time, if you want it to be very neat. But that time is obviously taken from the global filming time. So it's taken from the amount of time the director will take for his direction. And we have big problems because it's a question of humility.
Humility is a word filmmakers aren't familiar with at all, they're not familiar with modesty either. It's important to know that whatever we do, it's the final result that's important, and that when you see people coming out of a film theatre, straightaway they're ready to talk about the music if it was incredible, about the acting, the text, the story that was told and sometimes about the cinematography. And sometimes they say, 'It was incredible, it looked like postcards'. Which isn't humiliating because after all, Yvon has made some very beautiful postcards. But at the same time, it isn't the first thing that spectators notice. If, for example, the cinematography is very beautiful, for loads of reasons, that's not what's going to encourage them to go to the cinema. They won't go see a film because of the beautiful cinematography. They will go see a film where there's a beautiful story, actors they like, etc. On the other hand, it will bother them if the cinematography isn't good, but it won't bother them as much as if the sound was bad. Because if the sound isn't good, they will say, 'The sound is terrible, we can't hear anything, we don't understand anything, we can't hear the music', etc. So we're in a position where cinematography is mandatory because without it, it would be radio. And the film wouldn't be made in the same way because we would have to describe the setting in which the story is taking place instead of showing it. Meaning that cinematography is something that needs to convey an impression. I mean, it shouldn't be impressionism like Turner or Latour... not Latour, or Monet, things like that. But it needs to convey an impression, impression of day, of heat, things like that, or of anguish, things like that. It needs to create an atmosphere.
French cinematographer, Raoul Coutard (1924-2016) was twice nominated for the César Award for best cinematography which he won in 1978 for 'Le Crabe-tambour'. He made over 75 films and documentaries, including 'À Bout de Souffle', Le Mépris' and 'Band à Part'. He was the most acclaimed French cinematographer of his generation and one of the key figures of the New Wave.
Title: The hidden importance of cinematography
Listeners: Bernard Cohn
Benard Cohn is a French filmmaker and writer, who has directed five films as well as numerous documentaries and television series. As an assistant director, he worked with many important filmmakers, including Luis Buñuel, François Jacob, Otto Preminger and Woody Allen. He was a founding member of the Ciné-Qua-Non cinema club and has acted as editor and translator for various publications on the world of cinema.
Bernard Cohn est un réalisateur et écrivain français, ayant réalisé cinq film ainsi que de nombreux reportages et séries télévisées. En tant qu'assistant réalisateur, il a travaillé avec plusieurs grands cinéastes, notamment Luis Buñuel, François Truffaut, Otto Preminger et Woody Allen. Il fut membre fondateur du ciné-club Ciné-Qua-Non et a participé à la rédaction et traduction en anglais, de plusieurs ouvrages sur le cinéma.
Tags: cinematography, music, dialogue, cinema
Duration: 3 minutes, 1 second
Date story recorded: October 2004
Date story went live: 24 January 2008